Entretien / Erwann Lerumeur, kinésithérapeute

Les pressions intra-abdominales existent vraiment
Oui, la posture influe bien sur les pressions intra-abdominales, de nombreuses études (en) l’attestent. 
Oui, des pressions répétées peuvent à la longue distendre les tissus qui suspendent les organes.
Oui, un travail postural et respiratoire est indispensable pour ne pas amplifier les lésions déjà existantes. 
Mais non, un travail hypopressif et un renforcement des muscles du périnée ne peuvent pas retendre les tissus abimés. :-(

Suspension et soutènement, travailler l’un ne reconstruit pas l’autre
Lorsque l’appareil suspenseur est endommagé, le renforcement du soutènement (muscles du périnée) ne fera pas remonter les organes. On peut obtenir cependant une amélioration des prolapsus et de leur inconfort par des exercices de renforcement du plancher pelvien.
Le travail postural et respiratoire servira donc surtout à ne pas amplifier ce qui existe déjà et à acquérir des réflexes de protection. Il faut adopter une bonne une attitude de « gainage » avant l’effort pour que les muscles maintiennent les organes à leur place et limiter la pression. Nous avons vu à l’échographie que lorsqu’il y a expiration et aspiration correcte du bas ventre, la vessie reste en place, comme les organes voisins. Il existe donc bien une posture de protection.

La rétroversion du bassin
Lorsque le bassin est rétroversé, la pression est augmentée sur les disques intervertébraux (par l’activation des muscles délordosants) mais pas forcément dans l’enceinte abdominale. Cela dépend finalement de l’effort que l’on fait et de la respiration. Une rétroversion au repos, sur le dos par exemple, ne créerait donc pas de pression dans l’abdomen.

L’antévrersion ou la lordose physiologique des lombaires protègerait le périnée 
Ce qui protège ce n’est pas l’absence de rétroversion mais l’antéversion naturelle elle-même ou la lordose lombaire physiologique. Effectivement, cette posture favoriserait l’activation des stabilisateurs pelviens (muscles du périnée, transverse et multitudes ou transversaire épineux). Ce sont eux qui vont protéger le petit bassin.

La contraction volontaire du périnée à l’effort remise en cause
Même, si je contracte mon périnée à l’effort, la pression existe toujours. Le périnée, une fois contracté, devient dur, les pressions se dirigent donc vers les zones de vide. Aïe… La contraction volontaire du périnée a donc des limites.
Il est important de ne pas oublier que le périnée est fait essentiellement de fibres toniques. Heureusement, car leur contraction est réflexe. Il est donc primordial de favoriser leur bon tonus et une contraction réflexe autonome par une bonne posture.
Les fibres phasiques (contrôlées avec la volonté) ne représentent que 20% de l’ensemble des tissus musculaires pelviens. Pas inutile donc de les travailler mais secondaire.


La fausse inspiration
Des nombreuses méthodes de post-partum préconisent de faire des fausses inspirations dès l’accouchement, pour faire remonter les organes. Après mon entretien, il ressort que cela favoriserait le diastasis en écartant les côtes… Pas terrible finalement lorsque nous cherchons à resserrer et refermer…
On entend souvent que la fausse-inspiration en post-partum doit être faite sans ouvrir les côtes. ans dans ce cas là, il n’y a pas d’augmentation du volume pulmonaire don c pas de fausse inspiration… Problématique…

Comment aspirer le ventre et ne pas pousser
Ne pas pousser sur un effort avec l’expiration est finalement le nerf de la guerre. Mais comment faire ? 
Et bien il fut chercher à expirer en rentrant le ventre du bas vers le haut mais sans le durcir.  Il est possible de souffler en rentrant un ventre tout dur mais cela pousse ! Il conseille donc de ne pas ousffler en force mais de redonner une fonction au transverse inférieur., ce qui est facilité par une bonne posture. Allons-y ! 


Alors oui, il est possible de faire des courbes du haut du dos. Oui, il est possible de faire des battements, de lever les bras, de tourner, de sauter. Oui, il est possible de laisser le ventre relâché lors des courbes de la colonne. Oui, il est possible de danser librement. Ouf !


Vendredi 16 juin 2017 / Entretien avec Erwann Le Rumeur, kinésithérapeute diplômé en périnéologie.



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